François-René de Chateaubriand, Moïse (1872, posthume)

François-René de Chateaubriand, Moïse (1872)]

Nous continuons notre semaine théâtrale avec la présentation d’une tragédie rédigée par Chateaubriand au début du XIXe siècle, qui est d’ailleurs la seule qu’il ait écrite. Dans la préface, il explique avoir voulu rédiger trois pièces de théâtre, l’une portant sur un épisode de l’Ancien Testament, une tirée de l’Antiquité grecque et une sur la vie de Saint-Louis. La pièce sur Moïse est la seule à avoir été rédigée. L’action se situe dans le désert du Sinaï. Moïse, qui n’apparait que dans l’acte III, est accompagné de son frère et de sa soeur (Aaron et Marie) et de son gendre, Nadab.  Nadab, le fils d’Aaron, tombe sous le charme d’Arzane, la reine des Amacélites, alors prisonnière de Moïse et de ses compagnons : les Amacélites sont une tribu nomade considérée comme maudite par les hébreux. Arzane cherche à se venger d’eux en séduisant Nadab et en semant la zizanie dans leur camp. L’enjeu de cette tragédie est de savoir si Nadab et les proches de Moïse vont se séparer de lui (et de Dieu) et adorer les cultes païens ou s’ils vont lui rester fidèle.

Rédigée en vers, cette pièce de théâtre reprend les principes du théâtre classique avec le respect de la règle des trois unités (unité d’action, de temps et de lieu). Elle est inspirée par des éléments des premiers livres de l’Ancien Testament et, sur la forme, est assez proche des oeuvres de Racine. J’ai bien aimé découvrir ce texte : de Chateaubriand, je ne connaissais qu’Atala et René ainsi que des extraits des Mémoires d’Outre-Tombe et du Génie du christianisme. Cette pièce est largement différente en raison de la versification et reprend des motifs abordés dans le Génie du christianisme autour des valeurs de cette religion que Chateaubriand oppose à celles du paganisme. Sans tomber dans un débat d’ordre théologique, j’ai trouvé cette pièce plus profonde qu’une simple histoire d’amour et de trahison entre deux personnes, et c’est ce qui m’a particulièrement plu.

Laisser un commentaire