La découverte d’un livre est due à des rencontres, à des échanges ou encore à une visite à la librairie. Mais dans le cas de ce petit pamphlet, je l’ai découvert par l’intermédiaire d’une série. Un tueur en série laisse un indice pour que les enquêteurs comprennent son prochain meurtre à partir du texte suivant :
« J’accorde que cet aliment sera un peu cher, et donc conviendra très bien aux riches propriétaires, sachant qu’ils ont déjà dévoré la plupart des parents, ils semblent avoir le plus de droit sur les enfants ».
– C’est de Jonhatan Swift, Modeste proposition, un pamphlet politique absurde où il propose que les riches dévorent les pauvres. »
Poussé par la curiosité, je suis allé acheter ce petit livre et je n’ai pas été déçu de l’achat. Jonathan Swift, l’auteur des Voyages de Gulliver, a rédigé plusieurs textes absurdes et quatre d’entre eux sont proposés dans cette édition.
Le premier, Dernier discours et suprêmes paroles d’Ebnezer Elliston qui fut exécuté le deux mai mil sept cent vingt-deux, et voulut qu’on publiât ces pages pour le bien des hommes est un texte d’un prétendu condamné à mort qui explique ses différents crimes et qui raconte que s’il survivait à sa pendaison, il recommencerait. Modeste proposition concernant les enfants des classes pauvres est un texte encore plus absurde que le premier : pour soulager les pauvres de la charge de leurs enfants, il préconise de les vendre aux riches pour les manger et pour en faire des chaussures et des manteaux. Le texte prend l’apparence d’un projet scientifique et utilise tous les codes de la proposition pour améliorer les conditions de vie des individus. Un schéma intéressant et pratique pour l’aménagement d’un hôpital pour incurables servant au bien universel des sujets de Sa Majesté. Il s’agit de débarrasser la société des « incurables » : les gredins, les mégères, les écrivailleurs, les freluquets… Afin de faire des économies. C’est un peu le goulag avant l’heure… Enfin, le dernier texte, Projet de distribution d’insignes distinctifs aux mendiants de différentes paroisses de Dublin s’inscrit dans la même lignée : cette fois, Swift s’attaque aux vagabonds pour proposer que la ville s’occupe uniquement des mendiants locaux. Il propose un signe distinctif que ces derniers doivent arborer bien que ces derniers soient réticents à une telle mesure : « Ils sont trop paresseux pour travailler ; ils ne connaissent ni la peur de voler, ni la honte de mendier ; mais ils sont trop orgeuilleux pour supporter d’être vus avec une marque signalétique, comme ils ont été nombreux à me l’avouer, et plus d’une fois en termes fort injurieux, surtout les femmes » (p. 77).
J’ai beaucoup apprécié ce petit livre très cynique et amusant que je vous recommande.
Vous pouvez aussi voir la présentation du Jardin de Natiora qui présente ce livre.